Installez-vous à bord d’un bolide de course historique, boucler votre ceinture et préparez-vous à glisser comme jamais sur les routes sinueuses, car nous allons plonger à pleine vitesse dans le monde du rallye avec l’incontournable SEGA Rally Championship sur SEGA Saturn. Ce jeu de course mythique apparu en 1994 fut à juste titre l’un des plus grands succès de SEGA en arcade et il était donc judicieux pour la firme de nous proposer un portage digne de ce nom afin de solidifier le catalogue de la Saturn. Si la conduite à grande vitesse et les dérapages dans les cols ne vous font pas froid aux yeux, allons une fois de plus découvrir les sensations de pilotage offertes par SEGA Rally Championship au travers d’un test complet qui sera aussi l’occasion de juger si le titre à su préserver ses qualités après plus de 27 ans d’existence.
Le rallye est une discipline automobile que j’affectionne particulièrement et rien que le fait d’évoquer le nom de “SEGA Rally Championship” me rappelle les beaux souvenirs d’une époque révolue où la voiture, puissante et rapide, me faisait rêver au point d’en devenir une obsession dévorante. Hélas, c’est tardivement que j’ai eu l’occasion de découvrir ce SEGA Rally Championship qui était aussi bien adulé en arcade que sur la console du moment, la SEGA Saturn. Il m’aura fallu attendre quelques années après sa sortie chez nous en 1996 avant d’avoir la chance d’acquérir la console avec un exemplaire du jeu que je détiens encore aujourd’hui après toutes ces années passées.
Avant de prendre la route pied au plancher dans l’espoir de pulvériser le chrono, il est primordial de rappeler que SEGA Rally a été une révolution majeure dans l’histoire du jeu vidéo en étant le tout premier jeu de rallye à proposer une expérience immersive tout en 3D. Bien-sûr, il y a eu auparavant quelques tentatives en arcade fort sympathiques dont les excellents “Trash Rally”, “NEO Drift Out” et “Great 1000 Miles Rally”, mais ils se limitaient à un rendu visuel 2D incapable d’offrir la profondeur ni la complexité d’un SEGA Rally disponible en arcade dès 1994 avant d’être porté un an plus tard sur Saturn.
La référence ultime
Étant véritablement un pionnier en avance sur son temps, SEGA nous a gratifié d’un jeu automobile grandiose à la technique impressionnante, reposant sur un gameplay redoutable où les sensations de pilotage furent intenses. Quelques années s’écoulèrent avant que des concurrents tels que “Rally Championship”, “Screamer Rally”, ainsi que le très controversé “V-Rally”, ne fassent leur apparition. Cependant, ils étaient très loin de pouvoir rivaliser avec SEGA Rally qui, pendant de longues années, a conservé le titre de référence ultime en matière de jeu de rallye.
Le défi que représentait l’adaptation d’un jeu prévu pour la carte Model 2 sur Saturn était de taille. Cependant, l’équipe de développement a relevé ce défi avec brio, en créant ainsi une version console qui a préservé fidèlement les caractéristiques de SEGA Rally, tout en introduisant du contenu additionnel pour compenser la régression graphique inhérente.
Ainsi, nous retrouvons le classique mode arcade jouable dans l’un des trois niveaux de difficulté disponible avec la possibilité de choisir entre 1 ou 3 tours par circuit. Deux modes de jeux s’ajoutent : le “Time Attack” permettant de rivaliser contre notre propre fantôme et un mode deux joueurs sur écran splitté à l’horizontale qui a la particularité de proposer une option aidant le joueur en difficulté à revenir dans la course grâce à un boost temporaire de sa voiture.
Ce n’est pas tout, car cette version Saturn embarque un mode additionnel offrant la possibilité de personnaliser le comportement de chaque voiture en ajustant différents éléments tels que la transmission, la direction, les pneus, les suspensions et même la soupape de décharge qui influence le son du moteur ! Bien que cette fonctionnalité puisse sembler anodine de prime abord, elle se révèle cruciale pour tout joueur soucieux d’améliorer ses performances et battre ses adversaires les plus tenaces. Il est également à noter qu’il n’est malheureusement pas possible d’utiliser les réglages personnalisés dans le mode “Arcade”.
En complément, SEGA Rally propose un mode “Records” donnant accès aux meilleurs temps obtenus dans les modes “Arcade” et “Time Attack”. Chaque record dispose d’informations complémentaires indiquant la voiture utilisée, la transmission choisie et si un réglage personnalisé a été chargé. En outre, ce mode permet aussi de revoir ses meilleurs replays à condition de disposer d’une cartouche de sauvegarde, mais il convient de noter que les fichiers contenant les divers replays et fantômes peuvent occuper une taille conséquente sur la cartouche !
Des courses de rallye légendaires
À l’instar de son homologue arcade, la version Saturn de SEGA Rally propose trois circuits, chacun doté d’un environnement unique bénéficiant de nombreux détails graphiques et de quelques animations soignées contribuant à une immersion totale dans la course.
Le désert s’étend devant nous à perte de vue, offrant une large route bordée de longs virages où le sable jaillit sous la pression des pneus en plein dérapage pendant que la foule s’extasie à notre passage. C’est l’opportunité parfaite pour s’acclimater tout en douceur à la conduite du bolide tout en admirant le décor qui défile à pleine vitesse tandis qu’un hélicoptère survole les environs tout juste avant de franchir la ligne d’arrivée. Le spectacle est tout simplement saisissant !
La forêt, quant à elle, constitue un terrain de jeu idéal pour enchaîner une série de virages courts et mi-longs sur une route qui mettra à l’épreuve vos compétences de pilotage en demandant un parfait équilibre entre vitesse et contrôle. Enfin, la montagne exige une maîtrise chirurgicale des virages en épingle sur route étroite, offrant ainsi un défi ultime que seuls les pilotes les plus doués seront en mesure de relever.
Chacun de ces tracés offre une expérience de course distincte, garantissant des moments jouissifs sur chaque kilomètre parcouru. Les détails visuels et les animations minutieusement intégrés nous plongent dans des courses légendaires où chaque virage, chaque ligne droite nous procure inlassablement un moment de pur bonheur.
Tout ce travail accompli aurait été vain si SEGA n’avait pas pris la peine d’instaurer des voitures prestigieuses telles que la Toyota Celica GT-FOUR, arborant son look novateur “BIO-DESIGN”, et la Lancia Delta HF Intégrale. Bien que l’ensemble puisse sembler modeste à première vue, avec seulement trois circuits et deux voitures sélectionnables, il est essentiel de souligner l’attention minutieuse portée à la modélisation 3D et au comportement routier de la Toyota Celica et de la Lancia Delta. Ces véhicules ont bénéficié d’un soin particulier pour nous offrir une expérience de conduite authentique.
De plus, cette version Saturn a le mérite de renfermer du contenu caché, déblocable au moyen de quelques codes secrets. Parmi ces éléments, on découvre un mode inversé, le circuit Lakeside d’une grande difficulté et la Lancia Stratos, une voiture emblématique qui saura faire vibrer les amateurs de sport automobile. Cela peut paraître dérisoire aujourd’hui, mais il est important bien de prendre conscience que ce fut un contenu conséquent et de grande qualité pour un jeu de voiture disponible à cette période de l’histoire. L’effort déployé pour intégrer tout ce contenu témoigne de la volonté qu’avait SEGA de proposer aux joueurs une expérience de jeu riche et variée, même dans un contexte technologique très différent.
En réalité, SEGA Rally possède de nombreux défis qu’il ne sera pas facile d’accomplir tant le niveau de maîtrise requis est élevé. Par exemple, le mode arcade propose le sous mode “Practice” qui consiste à affronter un rival sur l’un des trois circuits disponibles en plus du circuit Lakeside une fois celui-ci débloqué. Il faudra tout donner sur la piste dans l’espoir de franchir la ligne d’arrivée en tête du podium pour obtenir une séquence de fin spécifique à chaque circuit. C’est la classe totale ! Une chose est sûre, la durée de vie de SEGA Rally est excellente dès lors que vous comprenez que l’intérêt du soft réside dans sa faculté à constamment nous donner l’envie de se surpasser, des moments de jeu intense où le degré de perfectionnisme ne semble avoir aucune limite.
Pour ma part, il m’est très difficile de ne pas revenir sur le jeu, ne serait-ce que pour tenter d’améliorer une fois encore mon meilleur temps dans le mode “Arcade” ou sur chaque circuit via le mode “Time Attack”, mais aussi pour le plaisir incommensurable de conduite que nous offre SEGA Rally. Session après session, j’éprouve toujours l’envie d’avaler les kilomètres à bord de ma voiture préférée, la Celica GT-FOUR, sans jamais ressentir la moindre once de lassitude, malgré un contenu bien en deçà des autres jeux d’automobile plus généreux.
Je pense qu’il est essentiel de rappeler que dans les régions de l’Amérique du Nord et du Japon, SEGA Rally avait reçu une mise à jour intégrant la prise en charge du jeu en réseau. Bien que cela puisse paraître dépourvu d’intérêt à notre époque, étant donné que le service en ligne de la Saturn n’est plus disponible depuis bien longtemps, il est intéressant d’imaginer l’impact que cette fonctionnalité a pu avoir sur la durée de vie du jeu.
Avec du recul, il est étonnant de constater qu’il était déjà possible de jouer en ligne sur la console de SEGA à l’aide d’un modem, une option malheureusement absente pour nous autres en Europe. Je ne peux qu’imaginer à quel point j’aurais été heureux de découvrir cette fonctionnalité qui m’autait permise d’affronter toute une multitude de joueurs connectés pour toujours plus de défis et de plaisir.
Une maniabilité accessible et exigeante
Là où SEGA Rally se démarque de tous les autres jeux de courses automobiles, c’est sans le moindre doute au niveau de sa maniabilité irréprochable, à la fois accessible et exigeante. Dès les premiers instants, le contrôle du véhicule nous procure un plaisir immédiat et la négociation des premières courbes se fait de manière naturelle et sans fioritures. Cela dit, pour espérer terminer le mode arcade dans le top du classement, il faudra passer de nombreuses heures à parfaire son talent de pilote et maîtriser à la perfection les virages de chaque étape.
Ce qui demeure remarquable, même à ce jour, c’est que la version Saturn profite d’une physique complexe assez proche de la version arcade. Il en résulte une sensation unique qui nous donne l’illusion de contrôler une véritable voiture rallye tout en préservant un style de conduite arcade pour un maximum de fun.
Pour une approche plus sérieuse de la conduite, une vue subjective est disponible d’une simple pression sur le bouton Y de la manette. Cependant, je dois avouer que je suis peu friand de cette dernière. À mon sens, il est bien plus agréable de conduire avec la vue extérieure, car cette perspective permet de visualiser le véhicule dans son espace 3D et surtout d’admirer cette belle mécanique en action. Dommage qu’il n’existe pas d’option pour définir une vue par défaut afin de ne pas devoir systématiquement basculer sur la vue extérieure avant le début de chaque course.
Sans surprise, le jeu est compatible avec l’Arcade Racer, un super accessoire que je recommande vivement pour améliorer la maniabilité et rendre ainsi la conduite de la voiture plus précise. Il est tentant de brancher le 3D Control Pad pour profiter du contrôle analogique, mais malheureusement, la manette n’est pas correctement prise en charge. En effet, lorsqu’on configure la manette en mode analogique, les deux gâchettes empêchent d’accélérer et de freiner correctement. Pour contourner ce problème, il sera nécessaire de modifier l’agencement de la manette dans les options, afin d’utiliser les boutons plutôt que les gâchettes.
Dans SEGA Rally, les concurrents adoptent une conduite naturelle plutôt que de suivre bêtement une ligne tracée sur le circuit. Cette intelligence artificielle bien ficelée ajoute une certaine profondeur et donne lieu à des situations variées où il faut réagir rapidement. Il est difficile d’anticiper avec certitude le comportement d’une voiture adverse, ce qui maintient un stress constant au moment de doubler en plein virage ou juste avant d’engager une portion délicate du circuit.
C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles le jeu nous captive inlassablement tant il réussit à nous transmettre de nouvelles émotions à chaque nouvelle partie. Il est juste regrettable que les voitures ne puissent subir aucun dégât visuel, ce qui aurait apporté un véritable plus avec la contrainte d’éviter autant que possible la collision avec des éléments du décor et les différents adversaires.
Une superbe 3D
Ambiance incroyable garantie grâce à une bande son inédite signée Naofumi Hataya, un compositeur à qui l’on doit une multitude de contributions dans des jeux emblématiques tels que Golden Axe II, Sonic CD, Ristar, Burning Rangers, Daytona USA 2001 ou encore Nights into Dreams. Les effets sonores ne sont pas en reste, avec un son du moteur convaincant qui s’avère très plaisant à l’oreille. Chaque élément sonore contribue à nous immerger toujours un peu plus profondément dans la course. On se croirait vraiment dans une salle d’arcade !
Au vu de toutes les qualités intrinsèques dont dispose SEGA Rally sur console, il est évident qu’on ne peut pas lui tenir rigueur de son infériorité graphique par rapport à la borne d’arcade. Il paraît logique de juger cette version par rapport aux capacités techniques de la Saturn plutôt que l’opposer injustement à un système étudié spécifiquement pour ce type de jeu. N’oublions pas que SEGA Rally est sorti très tôt dans la carrière de la console et on ne peut qu’être admiratif devant une telle œuvre, surtout que la Saturn était réputée pour être extrêmement difficile à maîtriser pour les programmeurs.
Pour adapter le jeu sur Saturn, l’équipe de développement a été contrainte de concevoir un tout nouveau moteur dont l’affichage est limité à 30 images par seconde. Ce travail d’envergure a été pour le moins fructueux puisque le jeu hérite d’une excellente fluidité. Le rendu graphique constitue une belle démonstration technique démontrant que la Saturn est également capable de produire une superbe 3D à l’instar de la PlayStation.
L’ensemble est impressionnant avec une profusion de détails affichés à l’écran sans que la console montre le moindre signe de faiblesse. La ténacité des développeurs est appréciable, car de nos jours, le jeu demeure encore visuellement attrayant malgré un mip mapping omniprésent et l’absence de transparence sur les vitres des voitures, un aspect que l’on peut considérer comme une légère ombre au tableau, mais qui dans les faits, n’a aucune incidence sur l’appréciation globale du soft.
SEGA Rally est un jeu à part qui n’a pas pris la moindre ride après près de trois décennies d’existence depuis son entrée au panthéon du jeu vidéo. Le plaisir reste intact notamment grâce à une superbe 3D et une maniabilité hors pair agrémentée d’une ambiance enivrante sublimée par une bande son mémorable. Manette en main, les sensations de l’arcade sont bien présentes et il n’est guère aisé d’interrompre la partie tant il est captivant de négocier les virages à vive allure aux commandes d’une voiture de rallye prestigieuse.
Par rapport à la borne d’arcade, cette adaptation Saturn détient des atouts à ne pas sous-estimer, particulièrement les modes de jeux inédits et les différentes options apportant une véritable expérience de jeu personnalisée. SEGA Rally, c’est aussi le vestige d’un SEGA vaillant, au sommet de sa créativité, qui a combattu avec acharnement dans le but de propulser la Saturn vers le succès. Même aujourd’hui, SEGA Rally reste indéniablement un titre incontournable, une pièce maîtresse que tout passionné de la console et amateur de courses automobiles se doivent de posséder. Soyez en certain, une fois que vous aurez découvert SEGA Rally, votre regard sur la SEGA Saturn ne sera plus jamais le même.

Verdict
L'expérience SEGA Rally sur Saturn est un enchantement pour les passionnés du drift, de vitesse et d'automobile. Malgré une technique d'un autre temps, le titre phare de SEGA n'a pas perdu de sa superbe et offre encore des senssations forte devant l'écran.