Hyper Duel sur SEGA Saturn s’inscrit dans la lignée des Thunder Force, une série de shoot’em up légendaire signée Tecnosoft qui a laissé une empreinte indélébile chez les joueurs de la génération Mega Drive. Bien que le titre demeure encore largement méconnu du public, il se distingue par l’introduction de nouvelles mécaniques de gameplay en plus de bénéficier de graphismes somptueux qui sauront séduire les amateurs de belle 2D. Malgré ses qualités intrinsèques, Hyper Duel n’a malheureusement jamais réussi à rencontrer le succès escompté, le condamnant ainsi à rester, à notre grand regret, une exclusivité nippone. En tant que grand amateur de la série Thunder Force, il était de mon devoir de partager mon expérience et tenter de comprendre les raisons de son échec commercial au travers d’un test complet.
Tecnosoft est un développeur qui a été prolifique très tôt dans la carrière de la SEGA Saturn au Japon, comme en témoigne l’existence de jeux tels que Nekketsu Oyako, Kyuutenkai, Hyper Reverthion, Steeldom et pas moins de deux compilations intitulées “Gold Pack” regroupant les jeux de la série Thunder Force. En 1996, vient s’ajouter Hyper Duel qui sera le vrai premier shoot’em up de la firme sur la console 32 bit de SEGA, bien qu’il s’agisse d’une adaptation de la version arcade reposant sur le TEC442-A, une carte spécifique conçue à l’époque par Tecnosoft qui fût exclusivement utilisée pour ce jeu.
Aux premiers abords, on pourrait s’attendre à quelque chose de très classique comme tout portage arcade, mais Hyper Duel sur Saturn va beaucoup plus loin dans la démarche puisque les développeurs ont intégré la version originale de 1993 avec en prime une version remaniée héritant de graphismes retravaillés et des thèmes musicaux en qualité CD audio. Technosoft a aussi apporté quelques modifications au niveau du gameplay avec une difficulté légèrement revue à la hausse par rapport à la version arcade dans le but de nous proposer un plus grand challenge.
Nom de code : Buster Gears
À l’instar des Thunder Force, Hyper Duel possède sa propre intrigue qui nous plonge dans un futur lointain, peu de temps après que la “Integrated Space Force” découvre une mystérieuse technologie extraterrestre enfouie au cœur d’une base souterraine lunaire. Cette technologie est utilisée pour créer des appareils de nouvelle génération appelés “Buster Gear” ou “L’engin dévastateur” en français, en raison de leur puissance de frappe dévastatrice.
Après la conception de plusieurs prototypes, l’Unité 0 se voit soudainement dérobée par un groupe terroriste avec la complicité d’un scientifique malfaisant impliqué dans le projet alors que la phase de test finale était sur le point d’être lancée. En réponse, trois autres “Buster Gears” sont déployés pour éliminer les terroristes présumés et récupérer le prototype volé.
Même s’il s’agit d’un shoot’em up où l’action effrénée ne laisse jamais de place à la narration, j’apprécie particulièrement l’effort de Technosoft pour avoir apporté un scénario suffisamment captivant pour nous donner l’envie de prendre part au combat. Il est aussi remarquable de constater que les huit niveaux présents suivent une progression logique et cohérente avec l’intrigue tout en affichant un univers futuriste des plus réussis.
Après une courte séquence vidéo de bonne facture en guise d’introduction, l’écran titre propose de démarrer une partie en mode “Saturn” ou bien “Arcade”. Il est également possible d’aller faire un tour dans le menu des options qui offre bon nombre de réglages afin de personnaliser au mieux l’expérience. On retrouve alors la possibilité de sélectionner un mode de difficulté parmi cinq choix possibles allant de “easy” à “very hard”, mais aussi d’attribuer un nombre de crédits par partie et de vies par crédit.
Bien évidemment, le jeu récompensera les joueurs téméraires en leur octroyant plus de points dans le cas où la difficulté est plus élevée avec un nombre de vies et de crédits diminué. Il est à noter que certains aspects du jeu peuvent changer en fonction du mode de difficulté choisi comme la couleur des projectiles qui deviennent bleus en mode “easy” afin d’être plus faciles à repérer à l’écran. Pour le reste, on retrouve la possibilité de paramétrer les commandes et d’écouter les différentes musiques du jeu.
Un autre menu propose la consultation des statistiques recueillies pour les deux versions du jeu, offrant ainsi la possibilité de connaître le temps d’exécution, le temps de jeu, le nombre de parties effectuées, complétées, etc. Bien sûr, cette fonctionnalité n’est pas indispensable, mais j’apprécie particulièrement la possibilité de vérifier ces statistiques, notamment pour connaître le temps passé sur le jeu et le nombre de fois où il a été terminé.
Je suis également ravi de constater que le jeu est entièrement en anglais, ce qui facilite la compréhension des différents textes présents dans les menus et tout au long de la progression du jeu. Dans le cas contraire, comme c’est souvent le cas avec la plupart des jeux japonais, il aurait été difficile de modifier certaines options sans avoir recours à un traducteur. C’est un réel avantage qu’il est important de souligner !
En route pour un combat acharné
Une fois prêt à engager le combat, que ce soit dans la version remaniée ou l’originale, un écran de sélection s’affiche, nous présentant trois “Buster Gear” associés à un pilote distinct. Chaque appareil possède des caractéristiques uniques qu’il est crucial de connaître pour élaborer la bonne stratégie. Le premier vaisseau offre un équilibre optimal entre vitesse et puissance de feu, tandis que le second se déplace rapidement au détriment d’une force de frappe moindre. Le dernier vaisseau, bien que lent dans ses déplacements, compense par une puissance redoutable extrêmement appréciable. Aucun vaisseau n’est idéal en soi, et la victoire dépendra de la capacité du joueur à tirer le meilleur parti des avantages spécifiques de chaque vaisseau.
Contrairement aux jeux de la série Thunder Force, Hyper Duel insère un système d’armement reposant sur une arme principale distincte par vaisseau qu’il est possible d’améliorer en récupérant quelques items représentés par la lettre “P” agrémentée par une superbe voix digitale “Powerup!”. Impossible de s’en lasser ! Un autre aspect original réside dans l’attaque spéciale des vaisseaux faisant apparaître deux modules.
Ces derniers infligent des dégâts considérables aux ennemis dans les alentours tout en servant de bouclier contre les projectiles qui viendraient à s’approcher de trop près. Pour en faire usage, il est nécessaire de recharger suffisamment une barre d’énergie située en bas à gauche de l’écran et d’appuyer sur le bouton dédié, par défaut “B”, en même temps que le bouton attribué au tir principal “A”. Attention, car chaque “Buster Gear” possède sa propre attaque spéciale au même titre que l’attaque principale.
Mieux encore, Hyper Duel se distingue des autres shoot’em up grâce à une fonctionnalité spéciale permettant de transformer le “Buster Gear” en puissant mécha, offrant alors la possibilité d’orienter le tir jusqu’à 45° en utilisant les flèches directionnelles “haut” et “bas”. Pour ce faire, il suffit d’appuyer sur le bouton “B” tout en relâchant le bouton “A”. Le “Buster Gear” se transforme alors en mécha, capable d’éliminer rapidement des ennemis coriaces et d’infliger de sérieux dégâts aux boss de chaque niveau, d’autant plus qu’il est possible d’utiliser une attaque spéciale alternative pour encore plus d’efficacité.
Il est important de prendre conscience que cet état présente quelques inconvénients. En effet, le mécha se déplace beaucoup plus lentement et a une taille relativement importante par rapport à celle du vaisseau. Ainsi, il devient difficile, voire impossible, d’éviter les tirs ennemis lors des phases de jeu intenses. De mon expérience, il est préférable de se transformer en mécha à des moments clés, comme lors de l’affrontement d’un boss ou de manière temporaire pour éliminer un ennemi trop résistant.
Une autre particularité que j’apprécie fortement dans Hyper Duel est la présence d’unités d’assistance qui viennent en renfort pour accroître notre force de frappe après avoir récupéré un item représenté par la lettre “G” pour “Gunner” ou “T” pour “Tracer”. Le “Gunner” est un petit mécha intelligent qui attaque automatiquement les ennemis à l’écran, tandis que le “Tracer” est un vaisseau traditionnel tirant droit devant. Pouvant être équipées jusqu’à trois, ces unités d’assistance sont d’une aide précieuse pour éliminer un maximum d’ennemis à l’écran, d’autant plus qu’elles font également office de bouclier destructible.
Ces nouvelles mécaniques de jeu demanderont forcément un certain temps d’adaptation avant d’être pleinement maîtrisées, mais il reste tout à fait possible de venir à bout des huit niveaux en utilisant essentiellement l’attaque spéciale, qui s’avère vraiment indispensable dans bien des situations. L’expérience proposée est véritablement jouissive tant l’action est captivante, sans jamais insérer de temps mort, si ce n’est à peine quelques secondes au début de chaque niveau. L’action est partout, les ennemis nombreux, et les affrontements contre les boss demandent une concentration maximale. La moindre petite erreur peut s’avérer fatale, et il n’est jamais évident de revenir dans la partie, bien que le jeu soit relativement généreux quand il s’agit de distribuer des items.
Au fil de la progression, il est grandement appréciable d’évoluer dans des environnements différents, chacun introduisant des ennemis inédits qui s’intègrent parfaitement à leur univers respectif. De plus, la variété des ennemis évite tout sentiment de lassitude, même après plusieurs heures de jeu. Bien que les déplacements ne soient pas exceptionnels en soi, la présence d’ennemis imposants et nombreux à l’écran avec de superbes explosions permet d’oublier sans mal cette lacune.
Dans le même esprit, les boss offrent une variété et une conception bien pensée, fournissant un véritable challenge même aux joueurs familiers avec le jeu. Ils se présentent comme des adversaires énormes, puissants et impressionnants ! Mention spéciale pour le boss du troisième niveau, un mécha noir épaulé par plusieurs unités d’assistance, qui constitue une véritable réussite en offrant un combat épique à chaque nouvelle partie. C’est indéniablement le moment du jeu où il est le plus plaisant de se transformer en mécha pour un combat acharné.
Court, mais intense
Hyper Duel n’est pas insurmontable, loin de là, mais il demande d’être vigilant à chaque instant et d’avoir un vaisseau suffisamment bien équipé pour progresser sereinement. Il est important d’économiser un maximum de vies et de crédits, car le dernier niveau se veut relativement difficile. C’est dire, il m’est arrivé plus d’une fois de me retrouver face au boss final, mais le challenge est tellement élevé qu’il me paraît impossible de remporter la victoire sans perdre le moindre crédit, ou au mieux quelques vies.
Cette difficulté est fort appréciable, car le jeu s’avère relativement court, puisqu’il faut compter en moyenne 30 minutes environ pour en venir à bout. Néanmoins, le jeu est suffisamment intense et n’a pas besoin d’être plus long pour proposer une expérience satisfaisante, d’autant plus qu’il est possible de retenter une partie à un niveau de difficulté supérieur avec la volonté d’améliorer son meilleur score. Il faut aussi préciser qu’un mode deux joueurs est présent et il permet donc d’accroître considérablement la durée de vie du soft à condition de trouver le bon partenaire qui aura toutes les qualités requises pour vous accompagner sur le chemin de la victoire.
À deux, le plaisir est doublement plus intense, mais quelques subtilités influent significativement sur la progression. Les crédits étant partagés entre joueurs, il est crucial de faire très attention pour éviter tout gaspillage et ainsi permettre à son coéquipier de revenir. Il n’y a rien de plus rageant que de constater avec amertume qu’il n’est plus possible de continuer la partie, car le second joueur a utilisé tous les crédits sans la moindre retenue.
De plus, la distribution limitée des items demande une certaine équité pour ne pas pénaliser son partenaire. Pour compléter le jeu à deux, une organisation minutieuse et une vigilance constante, surtout lorsque les projectiles pullulent à l’écran, sont essentielles. En somme, le mode deux joueurs offre une expérience enrichissante, mêlant plaisir et challenge pour occuper les joueurs pendant un bon moment devant l’écran.
Au-delà de l’arcade
Sans surprise, la prise en main est immédiate, avec un temps de réponse quasiment nul. Les déplacements du vaisseau se font de manière naturelle et sans accrocs. L’agencement des boutons s’avère plutôt bien pensé, et il est vraiment rare d’effectuer une mauvaise manipulation. Il est vrai qu’au début, il est un peu complexe de comprendre comment fonctionne le basculement entre le vaisseau et le mécha, mais après quelques parties, la manipulation devient intuitive et offre une grande efficacité en pleine action.
Sur le plan technique, Hyper Duel impressionne. Le jeu fait usage de graphismes 2D avancés, et même aujourd’hui, on reste émerveillé par la qualité visuelle qui nous donne l’impression de jouer à un jeu NeoGeo ou directement sur une borne d’arcade. Que ce soit au niveau des détails, du nombre de sprites, de leur taille, des animations, ou encore des couleurs, nous sommes face à un jeu impeccable qui ne déçoit jamais.
Il est également surprenant de constater qu’Hyper Duel n’a nul besoin d’une cartouche RAM parfois requise par certains jeux. Non, il fonctionne à la perfection sur Saturn sans nécessité d’une mémoire vidéo supplémentaire et sans souffrir du moindre ralentissement, hormis une légère saccade survenant au moment de charger le niveau suivant qui n’a aucune incidence sur la progression.
Outre une technique maîtrisée, Hyper Duel profite d’une direction artistique époustouflante, grandement inspirée de Thunder Force III (Mega Drive - 1990). Le travail réalisé est exemplaire, et l’univers présenté reste cohérent tout au long du jeu. Il est important de noter que la version Saturn a bénéficié d’une véritable amélioration graphique, avec de nombreux éléments redessinés, résultant en un aspect visuel bien plus détaillé et coloré.
Il suffit de lancer la version originale pour constater dès les premiers instants la différence graphique significative entre les deux versions. Néanmoins, la version arcade conserve toujours son charme et présente un réel intérêt aujourd’hui, notamment parce qu’il est pratiquement impossible de mettre la main sur une carte TEC442-A.
Côté son, on retrouve des effets sonores soignés apportant une réelle profondeur à l’action, le tout agrémenté de musiques de qualité CD audio composées par le brillant Hyakutaro Tsukumo, qui a également travaillé sur Thunder Force V disponible un an plus tard sur Saturn. Cette bande son est un véritable enchantement auditif, délectant les oreilles avec des compositions musicales remarquables qui ajoutent une dimension immersive à l’expérience de jeu. Pour en profiter pleinement et vous plonger dans une ambiance incroyable, la présence d’un bon système Hi-Fi est fortement recommandée.
Un jeu d’exception
Hyper Duel va au-delà des attentes et témoigne de la maîtrise exceptionnelle de Technosoft dans le domaine. C’est un jeu bourré de qualité reposant sur une ambiance extraordinaire qui n’est pas sans rappeler celle de Thunder Force III. Avoir un tel jeu entre les mains procure une sensation d’extrême bonheur et je n’aurais aucune hésitation à le classer parmi les meilleurs shoot’em up de la Saturn.
Que puis-je lui reprocher si ce n’est de n’avoir jamais été commercialisé outre-Atlantique et d’être aujourd’hui très difficile d’accès ? Peut-être bien sa courte durée de vie malgré les différents modes de difficulté présents et la possibilité de jouer à deux. Néanmoins, il m’est impossible de lui en tenir rigueur puisque l’expérience est tellement fun qu’on n’hésite pas un seul instant à relancer une partie pour le plaisir de se replonger dans cet univers captivant. Hyper Duel est assurément un jeu d’exception et il est vraiment regrettable que SEGA n’ait pas songé à le promouvoir, ce qui aurait certainement contribué à relancer la Saturn sur le marché.
Il m’est difficile de comprendre pourquoi Hyper Duel n’a pas rencontré de succès commercial à sa sortie, surtout que le public japonais est généralement friand de ce type de jeu. Il est possible que les joueurs étaient en attente d’une vraie nouveauté plutôt que l’adaptation d’un jeu ayant déjà trois ans d’existence en arcade. Je suis convaincu qu’une sortie directe dans nos contrées aurait été plus judicieuse et il est indéniable que beaucoup d’entre nous auraient apprécié disposer d’un jeu de ce calibre sur Saturn.
De nos jours, se procurer une copie légale devient une tâche ardue en raison de sa rareté et de son coût élevé. Nous sommes très loin des 5,800 yens (35,57 euros) demandés à l’époque. Il est donc très regrettable que ce jeu exceptionnel n’ait jamais été réédité pour les systèmes modernes ou inclus dans une compilation regroupant quelques classiques de chez Tecnosoft. Faute de choix pour découvrir cette exclusivité Saturn, il faudra économiser avec détermination dans l’espoir d’obtenir le jeu original ou bien alors prendre la triste et sombre voie de l’illégalité.
Hyper Duel s’affirme indiscutablement comme un pilier du genre qui mériterait de gagner une grande popularité auprès des joueurs. C’est un jeu de grande qualité nous procurant à chaque instant de purs moments d’action intenses. Les nouvelles mécaniques de jeu, notamment la transformation en mécha, apportent un réel plus à l’expérience et sont utilisées de manière judicieuse par un level design soigné. Non seulement Technosoft nous offre une qualité graphique ahurissante, mais il a su créer une ambiance captivante qui contribue à rendre l’expérience encore plus jouissive. Selon moi, Hyper Duel est un titre incontournable à découvrir pour tout amateur de shoot’em up ou fan de la Saturn.

Verdict
Hyper Duel est un shoot'em up emblématique, parfait pour combler tout désir d'action ultime. Cette adaptation sur SEGA Saturn est une véritable bénédiction : il serait vraiment dommage de passer à côté tant l'expérience est jouissive.