Fatal Fury 3: Road to the Final Victory
Tests Saturn

Fatal Fury 3: Road to the Final Victory

Après deux longues années d‘absence dans les salles d’arcade et sur console, le rival historique de Street Fighter signe son grand retour en 1995 avec Fatal Fury 3 : Road To The Final Victory publié sur NeoGeo. Porté un an plus tard sur Saturn, cette version ne verra malheureusement jamais le jour en Occident tout comme Real Bout et Real Bout Special censés apporter diverses améliorations à Fatal Fury 3.

Fatal Fury a beau exister depuis 26 ans maintenant, c’est pourtant tardivement que je m’y suis sérieusement intéressé. Il faut dire que durant mon enfance, j’étais obnubilé par Street Fighter II, la référence des jeux de combat à l’époque. Il m’aura fallu attendre l’arrivée des premiers émulateurs sur PC afin de prendre la peine de découvrir le titre phare de SNK porté par Takara sur MegaDrive et puis plus tard sur NeoGeo lorsque les ordinateurs étaient assez puissants pour émuler correctement ce petit bijou de technologie.

Même si j’ai apprécié les différents volets de la série, je n’ai pas immédiatement accroché à son univers ni à son système de combat beaucoup trop différent des standards imposés par Capcom avec Street Fighter II. C’est quelques années plus tard que je me suis décidé à donner une nouvelle chance à la série, mais cette fois sur Saturn avec Fatal Fury 3 : Road to the Final Victory (Garō Densetsu Surī Harukanaru Tatakai).

Un nouveau tournoi à South Town

L’histoire commence peu de temps après la défaite de Terry Bogard face à Wolfgang Krauser lors du The King of Fighters ‘94. Le criminel Ryuji Yamazaki est envoyé par un commanditaire opérant à Hong-kong chargé de récupérer les mystérieux parchemins de Quin vieux de plus de 2000 ans. Ils ont été localisés pour la dernière fois à South Town, une ville fictive imaginée spécialement pour les jeux SNK. La légende raconte que seul l’être humain le plus puissant est autorisé à les posséder. Une occasion parfaite pour rassembler une poignée d’experts en arts martiaux s’affrontant dans un tournoi organisé en personne par Geese Howard, le parrain de South Town.

Une fois arrivé à l’écran titre, il est possible de visualiser une cinématique d’introduction qui requière un temps de chargement avant de se lancer. Elle met en scène Terry revenant à South Town tandis qu’il croise une Bentley aux vitres teintées transportant Geese tout juste remis de ces blessures. Même si la vidéo s’avère bien trop courte à mon goût, je reconnais que le travail réalisé est ici exemplaire surtout pour l’époque. À ce jour, il s’agit sans le moindre doute de la meilleure cinématique d’introduction présente dans un jeu de la série Fatal Fury. La classe !

Le menu principal s’avère plutôt rudimentaire pour un jeu de combat. Il faudra se contenter d’un « game start » qui, comme son nom l’indique, permet de lancer une partie et de quelques options à paramétrer dont le niveau de difficulté allant de « very easy » à « strong hard », la durée des rounds et la configuration de la manette. Par rapport à la version NeoGeo CD, on perd la possibilité de passer la localisation en anglais, chose assez contraignante lorsqu’on ne possède aucune notion de la langue japonaise. Même s’il suffit de ne pas y prêter attention, j’aurais aimé être en mesure de lire ces dialogues dans la langue de Shakespeare afin de mieux suivre la trame scénaristique de Fatal Fury 3.

Enfin, sachez qu’il n’existe pas vraiment de mode deux joueurs à part entière puisqu’il faut lancer une partie et attendre qu’un second joueur appuie sur le bouton « start » de la manette pour démarrer l’affrontement. Comme sur la version arcade, le joueur qui remporte la victoire doit obligatoirement garder le même personnage pour les matchs suivants. On ne peut pas vraiment en vouloir à l’équipe de développement qui s’est contentée de porter le jeu sur Saturn, mais un vrai mode deux joueurs aurait apporté bien plus de confort pour jouer entre amis.

Un max de nouveautés

Au total, Fatal Fury 3 nous propose pas moins de dix combattants, dont cinq nouveaux arrivants qui apportent un petit vent de fraîcheur à la série. Parmi ces nouvelles recrues, on retrouve Blue-Mary, une détective privée au look sexy pratiquant le sambo, Sokaku Mochizuki, un mystérieux magicien, Bob Wilson, un adepte de capoeira, Franco Bash, un ancien champion de boxe poids lourd et pour finir, Hong Fu, un flic de Hong-kong venu mettre aux fers le criminel Ryuji Yamazaki. Toutefois, il est possible de débloquer trois personnages supplémentaires à l’aide d’un code secret, ce qui nous amène à un total de 13 combattants. Je ne vous cache pas que j’ai toujours eu une nette préférence pour Terry Bogard et la charmante Mai Shiranui même s’il m’arrive, de temps à autre, de leur faire quelques infidélités en jouant avec d’autres protagonistes.

Après avoir sélectionné l’un des personnages depuis l’écran de sélection, qui au passage reprend le style Fatal Fury 2, le jeu nous invite à choisir un premier adversaire parmi Bob, Franco, Mary et Joe. Par la suite, l’ordre des combats reste toujours le même jusqu’à l’affrontement final. Il faut savoir qu’après chaque round, le joueur se voit attribuer une évaluation dont le résultat dépend globalement de sa faculté à placer des enchaînements et les fameux Desperation Moves (DM). En récoltant un nombre suffisant de bonnes notes, celles-ci lui permettront d’affronter un boss supplémentaire accessible à la fin du jeu.

Fatal Fury 3 signe également l’apparition des « Hidden Desperation Moves » (HDM), des coups spéciaux infligeant de lourds dégâts à l’adversaire. Malheureusement, les HDM sont bien trop difficiles à maîtriser en plus de nécessiter l’activation du « super mode » s’effectuant à l’aide d’un code secret. Bref, il s’agit bien là d’une nouvelle fonctionnalité inexploitable, voire inutile. Dans le même registre, il est aussi possible d’exécuter des « Fake Moves », mais ces leurres ne semblent avoir aucune influence sur la machine. Il faudra donc garder cette fonctionnalité en réserve lors des affrontements contre un second joueur en espérant qu’il se laissera, peut-être, plus facilement berner par la ruse.

Les stages possèdent maintenant trois plans d’action contre deux pour les précédents volets. Le plan du milieu sert principalement à envoyer les coups alors que les plans du haut et du bas permettent uniquement d’esquiver ou de contre-attaquer l’ennemi. C’est une évolution logique qui apporte plus de profondeur aux combats, mais cela se fait au détriment de la mécanique du jeu qui devient du coup plus complexe. Gérer tout cet espace à l’écran n’a rien d’évident et il n’est pas rare de perdre de vue le plan sur lequel sont positionnés les combattants. Quant au reste des nouveautés, on remarquera qu’il est désormais possible de se protéger dans les airs, de dasher vers l’avant et d’effectuer un saut sur quatre niveaux. Une vraie petite révolution !

Sorry, I don’t have enough memory…

Les deux années d’absence de Fatal Fury ont été plus que bénéfiques au vu des graphismes qui s’affichent à l’écran. Le jeu est de toute beauté et même encore aujourd’hui, je reste très admiratif par le travail accompli par SNK. Les décors ont le luxe de s’offrir une grande quantité de sprites animés tandis que les personnages ont gagné en taille avec une palette d’animations plus conséquente. Cerise sur le gâteau, après chaque round, le temps évolue sur différents moments de la journée (le jour, le crépuscule et la nuit), apportant ainsi une immersion totale devant l’écran. Tout simplement bluffant !

Si dans l’ensemble les versions NeoGeo MVS, AES et CD affichent une animation parfaitement fluide, il en est tout autre pour la version Saturn qui accuse de nombreux ralentissements venant lamentablement gâcher l’expérience. En examinant de plus près le phénomène, j’ai remarqué que ces ralentissements disparaissent parfois lors du round suivant ou après un rechargement du niveau.

En se plaçant dans le coin gauche ou droit du niveau, il est également possible de retrouver une animation fluide, ce qui peut s’avérer d’une grande aide lorsque la vitesse d’affichage délire complètement. Ces ralentissements accentuent clairement la difficulté du jeu qui était jusque-là déjà bien élevée sans ce handicap. La qualité graphique quasi identique à la version NeoGeo sera le seul lot de consolation sur Saturn, mais hélas, les graphismes sont loin d’être suffisants pour faire de ce portage une réussite comme on l’attendait.

Outre ces fâcheux ralentissements, la version Saturn nous inflige des temps de chargement beaucoup trop longs et trop fréquents au point d’en devenir abrutissants. Bien que la console soit équipée d’un lecteur plus rapide que celui de la NeoGeo CD, les temps de chargements n’en sont pas plus courts. En effet, il faut compter trois chargements sur Saturn contre un seul sur NeoGeo CD.

Même s’il faut attendre environ 28 secondes sur chacune des consoles avant de commencer un nouveau match, on retiendra un meilleur confort sur la machine de SNK. La faute revient sans doute à la Saturn disposant d’une faible quantité de mémoire qui doit être fréquemment vidée afin de charger de nouvelles données, ce qui nécessite plusieurs allers-retours entre la mémoire et le CDROM. Cela pourrait également expliquer les piètres performances d’affichage même si j’aurais tendance à dire qu’il s’agit plutôt d’une mauvaise optimisation que d’un problème de mémoire.

Inutile d’insérer une cartouche RAM dans la console puisque cette dernière n’apporte aucune amélioration. Normal étant donné que Fatal Fury 3 a été développé après l’apparition des extensions de mémoire et il n’y a donc aucune compatibilité possible. Je pense qu’il aurait été judicieux de reporter la date de sortie de quelques mois afin d’optimiser le code, mais ce fut une chose inenvisageable à l’époque au vu du délai très court dont disposait l’équipe de développement pour boucler ce portage. Rageant !

Pour ce qui est de la jouabilité, le jeu se prend facilement en main avec en prime l’utilisation des six boutons de la manette permettant le basculement entre chaque plan en toute simplicité. Lorsque l’animation est fluide (chose relativement rare) les coups sortent naturellement, mais dans le cas contraire, on sent une affreuse lourdeur rendant la victoire nettement moins évidente contre l’ordinateur.

Sans grandes surprises, la version Saturn hérite du même ré-échantillonnage audio apporté sur NeoGeo CD, à ceci près que les voix dédiées aux victoires ont été placées sur la session audio du CDROM. Ainsi à la fin de chaque round, la console arrête brutalement la musique pour jouer la piste audio correspondant à la voix du personnage. Il n’y a rien de dramatique, mais cela casse péniblement l’ambiance. Pour le reste, la qualité audio est au rendez-vous et surpasse les versions MVS et AES de la NeoGeo, mais certains sons souffrent d’un taux de compression bien trop élevé afin de rentrer dans la mémoire.

Dans l’ensemble, Fatal Fury 3 nous offre une durée de vie plutôt correcte avec pas moins de 13 adversaires à affronter sur un total de 12 niveaux tous localisés à South Town. L’ajout du système d’annotation nous incite à retenter l’expérience afin d’obtenir un maximum de bonnes notes dans l’espoir d’affronter le fameux boss caché. Chose assez rare, un système de sauvegarde permet de reprendre la partie après un fatidique « Game Over ». Sa présence est amplement justifiée à cause des nombreux temps de chargements et du niveau de difficulté relativement plus élevé que chez la concurrence. Le mode deux joueurs sera l’occasion de ressortir le soft pour passer un moment convivial entre amis, mais à condition de faire l’impasse sur les ralentissements. Bref, de quoi vous occuper pendant de longues nuits blanches sur votre Saturn.

Fatal Fury 3 : Road to the Final Victory est sans conteste un titre incontournable qui a su apporter une vraie alternative à Street Fighter, mais les ralentissements et les temps de chargements sur cette version Saturn viennent tout gâcher. Si seulement sa conception avait été moins courte, je suis persuadé que les développeurs auraient été en mesure de rectifier le tir malgré les limitations techniques de la console.

C’est vraiment dommage, car en faisant l’impasse sur ces deux points noirs, il est tout à fait possible de s’en satisfaire grâce aux graphismes fidèles à la version NeoGeo et à la technicité des combats. Finalement, seuls les joueurs les plus indulgents et patients pourront apprécier cette version sur la console de SEGA. Pour les autres, il faudra songer à casser la tirelire pour y jouer sur NeoGeo CD ou bien passer directement sur Real Bout.

Fatal Fury 3: Road to the Final Victory

Verdict

Fatal Fury 3 sur SEGA Saturn est un jeu de combat de bonne facture, qui parvient à restituer de bonnes sensations arcade. Cependant, il est regrettable que cette conversion souffre d’un manque d’optimisation, accompagné de temps de chargement bien trop fréquents.

- Solide